Avant de pouvoir poursuivre le projet débuté par la classe PP9 en envisageant les différentes populations piscicoles susceptibles de rejoindre notre petit écosystème, il est primordial de se familiariser avec les fondements des systèmes écologiques. Il faut notamment connaître les différentes interactions entre le biotope et le biome, les principaux cycles naturels (comme ceux de l’azote ou du carbone) ou encore le concept de niche écologique, la loi du facteur limitant ou les principes de la compétition. Pour ce faire, nous nous sommes répartis ces sujets par groupe et chaque groupe devra présenter sa thématique au reste de la classe. Nous avons notamment trouvé les fondements théoriques permettant de développer chaque thématique dans l’ouvrage du Dr Michel Tassigny La nature, l’aquarium et l’écologie.
Après avoir travaillé sur les différentes notions biologiques indispensables à la compréhension des écosystèmes en général et de l’aquarium en particulier, nous devons choisir la population de l’aquarium. Comme notre démarche se veut la plus respectueuse possible du bien-être des animaux, nous souhaitons privilégier des circuits courts, des reproductions locales et maîtrisées à échelle humaine. Ainsi avons-nous choisi d’acheter nos poissons dans une bourse d’échange de passionnés plutôt que dans le commerce spécialisé. La bourse retenue est organisée par l’Aquarium Club de Lausanne. Elle se déroule toutes les années et permet aux éleveurs amateurs de vendre leur propre reproduction. Comme vous pouvez le constater dans le point 4 du règlement de la bourse reproduit ci-dessous, les éleveurs certifient que les poissons proviennent de leur propre élevage. Cela nous permet de nous assurer qu’aucun individu n’a été prélevé dans la nature et que tous les poissons sont vendus par des personnes compétentes, puisqu’à même de réussir l’élevage des espèces qu’elles proposent. En outre, la bourse est placée sous la responsabilité d’une personne certifiée, ayant obtenu l’attestation de compétences pour les personnes qui assument la garde d’animaux dans les manifestations temporaires.
Copie du règlement de la bourse : Règlement bourse 2019
Une bourse aquariophile se distingue largement d’un magasin. Les vendeurs y sont en effet des amateurs qui proposent les jeunes de leur élevage. Comme tous les poissons ne se reproduisent pas en fonction des dates des bourses, il peut arriver que les alevins soient trop jeunes pour être vendus au moment de la bourse. De même, comme il s’agit en général d’élevage à petite échelle, il suffit qu’un individu d’un couple reproducteur décède entre le moment de l’inscription à la bourse et le jour de la vente pour que les prévisions de disponibilités soient déjouées. Il est donc essentiel de comprendre et d’accepter que les individus présents ne correspondent pas parfaitement à ce qui avait été prévu. Néanmoins, pour donner une idée des espèces qui seront proposées, le comité dévoile à l’avance la liste des espèces probablement présentes. C’est donc à partir de cette liste que nous tenterons d’imaginer notre future population. Voici la liste en question :
Liste_poissons_et_plantes_2019
A partir de cette liste, quelques populations possibles ont été envisagées. La première, asiatique, se compose de Barbus titteya et/ou de Tanichtys albonubes. La deuxième s’articule autour des ovovivipares d’Amérique centrale (Poecilia reticulata, Xiphophorus maculatus). La dernière possibilité, nettement plus complexe, serait d’envisager la maintenance d’un couple de petits cichlidés sud-américains (Mikrogeophagus ramirezi ou Laetacara dorsigera). Cette dernière option demanderait une modification des paramètres physico-chimiques de l’eau par adjonction d’eau osmosée, laquelle permettrait de diminuer la dureté totale pour se rapprocher des conditions requises par les poissons en question.
Une discussion et un vote ont permis de choisir la population retenue. La décision a été difficile à prendre et nous avons hésité entre les populations d’Amérique centrale (Guppy/Platy) et un bac spécifique pour Mikrogeophagus ramirezi. C’est finalement ce petit cichlidé qui sera l’hôte de notre aquarium. Avant son arrivée, un changement partiel de l’eau (environ 1/3 du volume total) devra être effectué à l’aide d’eau osmosée. En outre, nous avons d’ores et déjà ajouté une racine de tourbière à notre décoration pour nous rapprocher du biotope du poisson et lui offrir une cachette supplémentaire. Cette racine a été placée devant le rejet du filtre afin d’éviter un courant trop fort qui pourrait gêner les poissons.
Le grand jour est arrivé !
Tous les efforts déployés depuis novembre avaient pour principal objectif de permettre la maintenance de poissons d’aquarium afin de compléter notre petit écosystème. Nos premiers hôtes ont rejoint leur nouvel environnement le 16.02.2019. Une fois l’acclimatation effectuée dans les règles – c’est à dire en prenant soin de laisser le temps nécessaire aux poissons de s’habituer par paliers aux nouvelles caractéristiques de leur eau (température, dureté, pH,…) – nous avons pu relâcher les deux ramirezi dans le bac. Ils ont immédiatement commencé à explorer leur aquarium, semblant notamment beaucoup apprécier les nouveaux bosquets placés spécifiquement pour qu’ils puissent trouver davantage de cachettes.
Portraits de nos nouveaux compagnons
Quelques images prises le lendemain de l’arrivée, lors du premier nourrissage
Outre l’abaissement de la dureté totale, la température de l’eau a été montée à 26-27 degrés et une nourriture variée a été offerte aux poissons. Ces attentions semblent avoir été appréciées, puisque le 20.02.2019, soit 4 jours après leur arrivée, les ramirezi se sont mis à pondre. Ils ont même eu le tact d’attendre le moment précis où nous sommes venus les voir tous ensemble dans le cadre du projet pour commencer leur ponte sur une pierre.
La femelle dépose les œufs sur la pierre.
Puis le mâle les fertilise.
Le couple défend ensuite sa ponte et la ventile afin d’éviter la propagation de pourriture sur les œufs
.
Il faut maintenant patienter pour savoir si les nouveaux parents parviendront à élever leur première ponte. Il est en effet assez fréquent qu’ils aient besoin de plusieurs essais avant de parvenir à s’occuper correctement des leurs œufs et de leurs alevins.
Comme souvent, les parents ne sont pas parvenus à s’occuper de leur première ponte.
Les poissons ont continué à pondre. La troisième tentative a été la bonne, puisque, pour la première fois, les parents ont réussi à garder les œufs jusqu’à l’éclosion et, le 17.03.2019 (soit un mois après l’arrivée des poissons), sont apparus les premiers alevins.
La nouvelle ponte
L’éclosion et la transformation progressive en alevins, toujours protégés par les parents
L’année avance et les cours des classes préprofessionnelles touchent bientôt à leur fin. Il devient donc essentiel de trouver une solution pérenne pour notre couple.
Les poissons ont été transférés dans un aquarium à tendance amazonienne de 600 litres où ils pourront couler des jours heureux, notamment en compagnie de quelques scalaires. Comme vous pouvez le voir sur les images ci-dessous, les scalaires préparent leur site de ponte (ici une feuille d’Echinodorus), tandis que les ramirezi s’accaparent plutôt le fond de l’aquarium.
A l’année prochaine pour de nouvelles aventures aquariophiles !